Presse Ocean – Edition de Nantes du mercredi 9 novembre 2016. Propos recueillis par Xavier Boussion.
Le « big data » est de plus en plus utilisé par les politiques français. Explications de Jacques Priol, fondateur de l’agence de conseil Civiteo.
Presse Océan : En quoi consiste le big data ?
C’est une méthode d’analyse des données rendue possible par l’accroissement extraordinaire des capacités de stockage et de la puissance des ordinateurs. Google, Apple, Facebook et Amazon, notamment, ont inventé des systèmes qui permettent d’analyser et d’anticiper les comportements humains.
Et le big data électoral ?
C’est l’application de ces modèles aux élections. L’analyse de toutes les élections passées croisées à une immensité de données (âge, CSP, emploi, diplôme, lieu d’habitation, composition familiale…) permet d’élaborer des « modèles prédictifs ». Dites-moi qui vous êtes et je vous dirai pour qui vous allez voter.
Quand et où est-il apparu ?
Les premières véritables analyses « big data » datent de l’élection américaine de 2012, la réélection de Barack Obama. En France, des start-up expérimentent des choses depuis 2014 ou 2015. Mais 2017 sera la première expérience grandeur nature.
Comment fonctionnent ces outils ?
Le principe est simple : il s’agit de collecter un maximum de données qui peuvent expliquer ou influencer un vote. En France, cette collecte se fait sous le contrôle de la Cnil. Ensuite, des algorithmes déduisent des « modèles ». Par exemple, si un parti découvre qu’il a un potentiel important de progression chez l’électorat jeune et étudiant des villes moyennes, il ciblera précisément cet électorat.
Quelles données exploitent-t-ils ?
En France, essentiellement des données publiques et gratuites. Mais nous ne sommes pas toujours conscients des données personnelles que nous mettons directement dans l’espace public ! Les pages publiques des comptes Facebook, Twitter et Linkedin des sympathisants des formations politiques peuvent être récupérées grâce à des interfaces fournies directement par ces réseaux sociaux.
Quelles sont les limites du big data ?
Nous en sommes au tout début. Les modèles prédictifs électoraux sont moins performants que les modèles commerciaux. En fonction de qui vous êtes, il est plus facile de prévoir ce que vous allez acheter chez Amazon que de prévoir pour qui vous allez voter en mai 2017 !
Depuis quand et par qui le big data électoral est-il utilisé en France ?
Aujourd’hui, plus de 10 candidats déclarés pour 2017, de Jean-Luc Mélenchon à Nicolas Sarkozy, utilisent des outils d’analyse des données massives. Au moins la moitié des futurs députés les utiliseront aussi.
Un mot sur Civiteo : quelles sont les activités ?
Civiteo accompagne des collectivités locales, des agences ou des ministères qui veulent utiliser ces données pour améliorer l’efficacité du service public et ainsi réaliser des économies. Il ne faut pas que le big data soit réservé aux entreprises commerciales. C’est un vrai enjeu de société.
Pour quels candidats travaillez-vous ?
Civiteo travaille pour des partis et des candidats aux législatives… qui ne sont pas tous socialistes.